A S S E M B L E E                                                                                                      RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

N A T 1 0 N A L E                                                                                           LIBERTÉ-ÉGALITÉ-FRATÉRNITÉ

 

Synthèse du rapport de Jean-Pierre BASTIANI, Député de la Haute-Garonne pour Monsieur le Premier ministre

Novembre 1996

Le succès des Biocarburants aux USA :

ENSEIGNEMENTS ET MESURES A PRENDRE POUR LA FRANCE

 

La politique de développement des biocarburants aux -Etats-Unis est un succès.

 

La production actuelle de 45 millions d'hectolitres d'éthanol d'origine agricole s'inscrit dans le cadre d'une véritable politique énergétique intégrant une volonté permanente d'indépendance et le respect de critères rigoureux de qualité de l'air des villes.

 

Des carburants reformulés obligatoires

 

Instaurée en 1970, la première loi sur la qualité de l'air (Clean Air Act), basée sur l'amélioration des véhicules (pots catalytiques), s'est révélée insuffisante.  Face à ce constat d'échec relatif, en 1990, l'Agence américaine pour l'environnement (EPA), a changé de stratégie en ajoutant aux adaptations des véhicules une composante "qualité environnementale" des carburants.  Cette orientation s'est traduite en pratique par la distribution obligatoire de carburants reformulés oxygénés dans les zones urbaines où la qualité de l'air n'est pas suffisante (excès d'ozone et de monoxyde de carbone).  Le surcoût de ces carburants tel qu'il est constaté se situe entre 3 et 4 centimes par litre.

 

Cette politique volontariste a permis le développement d'une production de composés oxygénés, en particulier d'éthanol d'origine agricole.

 

Des mesures fiscales incitatives

 

Des mesures fiscales ont accompagné la croissance de la production d'éthanol à partir de 1978.  Elles seront réexaminées à l'échéance 2000.

 

Entre 1978 et 1995 des gains de productivité importants ont permis de réduire les coûts de production d'éthanol de moitié, et l'objectif est d'atteindre un prix de revient de 0,88 F/1 (contre 1,85 F/1 en 1995) en 2010.

 

Ces gains de productivité ont été obtenus grâce à des programmes de recherche conséquents, associant entreprises privées et organismes publics, et grâce aux économies d'échelle.

 

Pour le futur, en plus de l'utilisation de l'éthanol comme additif oxygéné dans les carburants, devrait se développer un marché d'éthanol en tant que carburant alternatif.

 

Les problèmes de pollution urbaine liée aux transports ont, aux Etats-Unis et en Europe, une identité de nature.  L'expérience américaine, riche d'enseignements concrets, doit donc inspirer les politiques futures européennes.

 

Pas de véhicules propres sans carburants propres

 

Ainsi, il ne servirait à rien de définir en France une politique spécifique des biocarburants sans l'intégrer dans le cadre général d'une politique de défense de l'environnement et de protection de la santé.

 

Il faut par ailleurs reprendre cette idée force mise en oeuvre aux Etats-Unis, s'agissant de pollution générée par la circulation automobile urbaine : pas de véhicules propres sans carburants propres.

 

L'expérience américaine montre qu'en outre une telle orientation ne peut se concevoir sans une autorité telle que l'EPA, disposant de pouvoirs forts et contraignants.

 

Il faut aussi procéder à la mise en place d'une certification des carburants assortie d'un cahier des charges environnemental comportant la définition de critères objectifs en fonction d'obligations de résultats à réaliser pour l'environnement.  Ce n'est qu'à ces conditions que les biocarburants prendront sur le marché la place qu'ils doivent occuper.

 

Les mesures fiscales à prendre

 

Quant aux régimes fiscaux des carburants, leur détermination devrait en toute logique répondre à une double question

 

- est-on en présence d'un carburant propre ?

- est-on en présence d'une énergie renouvelable ?

 

En réponse à la première question, les décisions devraient conduire à transférer progressivement l'exonération de l'essence sans plomb vers les essences reformulées.

 

En réponse à la seconde, les exonérations spécifiques doivent être conçues comme un moyen destiné à organiser, à terme, la libre concurrence entre les composés oxygénés d'origine végétale et ceux d'origine fossile.  Elles devront être mises en oeuvre pour une période déterminée seulement, le temps que les différentes filières de biocarburants puissent se mettre en place, attirer les investissements, acquérir un savoir faire et se développer commercialement.

 

Enfin, quant à la qualité des produits, les principes qui précèdent devraient conduire à privilégier le méthyl ester d'huiles végétales (diester) pour le diesel et l'ETBE (éthyl tertio butyl éther à 45 % d'éthanol en volume) pour les essences.

 

Dans ce domaine, la voie française diester/ETBE pourrait contribuer à enrichir, à son tour, l'expérience américaine de l'éthanol.