CONFERENCE DE PRESSE PARIS-BERCY : 5 AVRIL2002

 

I Une nécessité pour l'humanité :

Lutter contre l'effet de serre

II Les avantages multiples des HVB :

1 - Bilan énergétique favorable

2 - Des avantages économiques incontestables

III les biocarburants en France :

Une filière contrôlée par les groupes pétroliers

A - La doctrine officielle française : le rapport LEVY

B - Les poursuites du Ministère des Finances contre VALENERGOL :

C - le nouveau rapport du 23 novembre 2001 :

IV La proposition de nouvelle directive européenne pour la taxation des huiles végétales :

Conclusion 1 : l'application de la T.I.P.P.aux HVB constituerait une aberration fiscale contraire aux objectifs communautaires affirmés depuis des années.

V Des politiques énergétiques opaques et imposées par les grands groupes pétroliers en FRANCE, en EUROPE, et aux ETATS UNIS.

De telles décisions ne devraient en aucun cas être prises dans le plus grand secret et

sans le moindre débat public : il en va de l'avenir de la démocratie.

CONCLUSION

Un signal fort doit être transmis : les HVB ne sont pas passibles de T.I.P.P. qui doit être

réservée comme son nom l'indique aux produits pétroliers.

 

 

 

I Une nécessité pour l'humanité :

 

Lutter contre l'effet de serre

Depuis plus de deux siècles, le monde s'est mis à consommer de plus en plus massivement des énergies fossiles non renouvelables (charbon, puis pétrole et gaz naturel) en fonction de leur coût de production en général plus bas que les énergies renouvelables, si l'on ne tient pas compte du coût provoqué par les atteintes à l'environnement.

 

Chaque année, le monde consomme plus de 10 milliard de tonnes d'énergies fossiles dont les rejets (principalement du C02) vont renforcer l'effet de serre.

 

Tous les scientifiques s'accordent d'ailleurs à reconnaître que la tendance au réchauffement de l'atmosphère (avec les graves conséquences sur la fonte des glaciers et la montée du niveau des océans ) est provoquée par l'émission massive de C02. Une remontée du niveau marin de quelques mètres aurait des conséquences incalculables pour un grand nombre d'habitants en zone littorale.

 

Devant une telle situation, un renversement de la tendance s'impose et il devient indispensable d'utiliser tous les progrès scientifiques et technologiques pour mettre en oeuvre des politiques de développement d'énergies renouvelables plus respectueuses de l'environnement et permettant une meilleure qualité de vie.

 

Tout le monde sait parfaitement que l'humanité va épuiser en quelques siècles ces énergies fossiles que la Terre avait mis quelques centaines de millions d'année à produire.

 

Dès maintenant, il faut mettre à l'ordre du jour, la réduction de leur utilisation en tant que carburant et combustible.

 

En novembre 1997, la 3ème conférence mondiale sur les changements climatiques qui s'est tenue à KYOTO (Japon) avait débouché sur un protocole d'accord prévoyant que les pays industrialisés devaient réduire leurs émissions de gaz de 5 % en 2008 par rapport à 1990.

 

Extraits du rapport parlementaire n° 3415 de l'Assemblée Nationale, intitulé « L'État actuel et les perspectives des énergies renouvelables ».

Depuis cette date, des travaux très importants ont été engagés à l'initiative du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat) ‑ IPCC (International Panel on Climate Change) dans le cadre de la préparation des négociations sur l'application du Protocole de Kyoto.

 

« Ces travaux sont particulièrement intéressants dans la mesure ou une approche énergétique détaillée a été indispensable pour estimer l'évolution des émissions de C02 dans les décennies à venir

 

Il est par ailleurs vraisemblable que la décennie 1990 a été la plus chaude et l'année 1998 l'année la plus chaude depuis que des enregistrements scientifiques des températures sont effectuées, c'est à dire depuis 1861. Par ailleurs l'augmentation de température au XXème siècle est vraisemblablement la plus élevée de celles intervenues pendant une période de 100 ans depuis le début du millénaire.

 

Des nouveaux éléments de preuve ont été rassemblés démontrant que la responsabilité principale dans le réchauffement climatique des 50 dernières années incombe aux activités humaines. Les modèles climatiques ont en particulier connu des améliorations sensibles qui renforcent leur crédibilité.

 

C'est pourquoi il est très probable, selon le GIEC-IPCC, que la température moyenne en surface augmente de 1,4 à 5,8°C de 1990 à 2100.

 

Le niveau de la mer pourrait en conséquence s'élever de 0,10 à 0,90 m entre 1990 et 2100.

 

Ce réchauffement prévisible est beaucoup plus important que ceux observés durant le XXème siècle et dépasse en ampleur les évolutions intervenues en 10 000 ans.

 

En réalité, il semble que le monde n'ait pas encore pris conscience du danger que représente le changement climatique.

 

Si les évolutions actuelles en terme de réchauffement climatique se confirmaient et si, à fortiori, une accélération se produisait du fait de phénomènes cumulatifs, la question centrale pour l'humanité toute entière serait de mettre en place une « économie de guerre » selon 1 » expression de M ; Pierre MATARASSO, pour faire face au changement climatique. »

 

Dans ce contexte, le développement d'énergies renouvelables nationales issues de l'agriculture apparaît clairement comme une nécessité historique incontournable et urgente. Car toutes les conditions techniques et économiques sont remplies. Un pays industrialisé et agricole comme la France doit donner l'exemple : les décisions politiques indispensables doivent être prises.

 

II Les avantages multiples des HVB :

1 - Bilan énergétique favorable

La question essentielle est de savoir si la quantité d'énergie utilisée pour tous les travaux agricoles nécessaires à la culture du tournesol (labourage, récolte, transport, etc... ) et l'énergie indirecte destinée à la fabrication des engrais, pesticides, insecticides et l'énergie nécessaire à la trituration, etc... est inférieure à la valeur énergétique de la production de tournesol (en y incluant les sous-produits comme les tourteaux). Dans toutes les hypothèses, le bilan est favorable, mais il l'est d'autant plus que l'on développera une agriculture respectueuse de l'environnement utilisant le moins possible de nitrates et de pesticides.

 

D'après J. Lambert, la culture extensive du tournesol permet d'obtenir 6,4 fois l'énergie initiale contre seulement 2,4 pour l'EMC (ester méthylique de colza).

 

L'intérêt de l'huile de tournesol est qu'elle représente une énergie renouvelable à volonté, la production étant limitée simplement pas les superficies disponibles pouvant être consacrées à ce bio‑carburant.

 

2 - Des avantages économiques incontestables

            a) développement d'une filière se situant intégralement sur le territoire national

            échappant à tous les aléas du commerce international, en particulier de la spéculation.

            b) créations d'emplois dans les unités de trituration.

            c) maintien des emplois en milieu rural et lutte contre la désertification des campagnes

            françaises.

            d) incidences en amont car besoins de produits industriels.

            e)       fournitures de tourteaux de tournesol gras riches en protéines dont l'origine et la

            qualité peuvent être contrôlés (à l'inverse de ce qui se produit dans le commerce

            international des aliments pour le bétail : cf. maladie de la vache folle).

            f)       incidence positive sur la balance commerciale avec économies de devises fortes

            (puisque hydrocarbures payés en dollars).

            g)         maîtrise beaucoup plus facile d'une filière courte par les différents intervenants

            (agriculteurs, unité de trituration, utilisateurs du carburant... ).

            h) pollution moindre.

 

Tout ce système peut fonctionner en filière ultra‑courte au niveau d'un département voire même d'un canton réduisant ainsi les distances de transport avec toutes les conséquences induites.

 

III les biocarburants en France :                                                                                      

Une filière contrôlée par les groupes pétroliers

A - La doctrine officielle française : le rapport LEVY

Les graves atteintes portées à l'environnement et la pression de l'opinion publique ont obligé les gouvernements français à prendre des initiatives et Raymond Levy (1) était chargé de faire une étude, présenter un rapport officiel sur les biocarburants.

Ce document remis en 1993 est extrêmement clair :

1) « l'utilisation directe de l'huile... soulève des problèmes techniques (encrassement voire dépôts durs dans les cylindres, détérioration de la qualité des lubrifiants) qui restent à résoudre ».

2) « L'utilisation d'huile ou d'éthanol en fort pourcentage passe nécessairement par la mise au point de moteurs spéciaux... »

 

Ces conclusions jouent un rôle excessivement important car elles orientent encore toute la politique française en matière de biocarburants, en particulier en privilégiant les esters commercialisés sous forme de diester.

 

Sur cette base là, les différents gouvernements ont mis en place une filière de biocarburants complexe, coûteuse, non compétitive, difficile à mettre en oeuvre, nécessitant un fort investissement en capital, d'où totalement contrôlable et contrôlée par les groupes pétroliers.

 

B - Les poursuites du Ministère des Finances contre VALENERGOL :

 

VALENERGOL a entrepris de multiples démarches auprès des différents ministères (Industrie, Agriculture, Environnement, Finances) et administrations.

VALENERGOL a également écrit à la totalité des députés français en juin 2001 dont certains ont déposé des questions écrites afin de faire évoluer la situation dans un sens favorable.

Malheureusement la situation reste bloquée et les douanes ont envoyé une notification d'infraction le 27 mai 1998 pour non acquittement de la T.I.P.P. et traduit les responsables de VALENERGOL devant le tribunal d'AGEN le 20 septembre 2001. Ce dernier a condamné les 2 gérants au règlement de la TIPP et à une amende réduite par rapport à la demande des douanes. Mais la totalité des sommes s'élevait malgré tout à près de 30.000 francs.

Les deux parties ont fait appel de ce jugement.

 

En fait, la filière biocarburants et l'administration sont entièrement contrôlées par les groupes pétroliers qui utilisent tous les moyens à leur disposition pour défendre leurs intérêts. Car il est bien évident que l'huile de tournesol n'a rien à voir avec un produit pétrolier et que dans le code des douanes, elle ne fait pas partie des marchandises taxées. Si l'administration des douanes n'était pas au service des groupes pétroliers, jamais elle ne poursuivrait des citoyens soucieux de protéger l'environnement par l'intermédiaire d' interprétations abusives.

 

(1) Raymond Lévy : ancien n°2 d'ELF, ex PDG de la régie Renault, plus tard directeur du CDR chargé de liquider les actifs du Crédit Lyonnais, membre influent du cercle de l'industrie (puissant lobby de l'industrie française auprès de l'Europe).

En réalité, toute la filière HVB est condamnée temporairement grâce à plusieurs manœuvres criminelles :

 

1) publication d'un rapport anti‑scientifique en 1993 car reposant sur de pseudo-études réalisées avec des huiles impropres à la carburation.

2) refus d'expérimentation sérieuse dans le cadre d'AGRICE en 1998

3) poursuites abusives par l'intermédiaire de la direction des douanes en 2001.

 

C - le nouveau rapport du 23 novembre 2001 :

                 « L'Etat actuel et les perspectives techniques des énergies renouvelables »

Devant l'évidence et la multiplicité des expériences, ce rapport semble remettre en cause le rapport LEVY et admet que les « motorisations rustiques » supportent les H. V.B.

Mais il ajoute « En revanche, il semble établi que les huiles végétales sont peu compatibles, pour le moment, avec les dispositifs d'injection directe ».

(Page 254 il faut lire HDI)

Donc une nouvelle fois, une condamnation des HVB sur le plan technique sans preuve.

 

IV La proposition de nouvelle directive européenne pour la taxation des huiles végétales :

 

Le Conseil de l'Union Européenne qui regroupe les ministères des Finances des Etats membres doit examiner le 4 juin 2002 la proposition de directive du Conseil 2001 / 0266 (CNS ), 2ème partie de la COM (2001) 547.

 Cette proposition modifierait ainsi la Directive en vigueur 92 / 81 / CEE de la manière suivante :

« Art 2 - 1 : Aux fins de la présente directive on entend par huile minérale les huiles végétales et les graisses animales... lorsqu'elles sont destinées à être utilisées comme carburant ou combustible. »

Cette proposition de directive est absolument scandaleuse, car elle repose sur un double langage, une manipulation et une désinformation caractérisées concernant des textes totalement inaccessibles aux médias et au grand public.

Tout en voulant faire croire qu'il s'agit de favoriser le développement des biocarburants, le Conseil commencerait par les taxer tout en proposant ensuite d'encourager leur production par une réduction hypothétique des droits d'accises !

Si cette directive était adoptée, elle serait en contradiction totale avec tous les arguments développés dans le livre vert « Energie » qui préconisait :

1°) de taxer les énergies fossiles, rentables et polluantes au profit de la recherche d'énergies renouvelables.

2°) d'exclure du champ d'application des accises, les HVB et en général toutes les sources d'énergies renouvelables aux bilans énergétiques et environnementaux favorables.

 

Cette proposition de directive est à tous points inadmissible car la production d'HVB sur le territoire français en particulier, s'accompagne à tous les niveaux de la production de prélèvements sociaux supérieurs à celui de la T.I.P.P.

Donc y rajouter la T.I.P.P. reviendrait à taxer 2 fois les HVB et bien sûr dans ces conditions là elles ne seraient plus compétitives.

Or un grand nombre de candidats aux élections présidentielles françaises ( en particulier ceux qui sont en tête dans les sondages )font campagne sur des réductions d'impôts massives au profit des contribuables français car cela devrait dynamiser l'économie française. Qui pourrait croire un seul instant qu'une taxation supplémentaire des HVB décidée par l'intermédiaire d'une directive européenne pourrait favoriser leur développement ? Même si ce paquet cadeau est bien emballé, la ficelle est trop grosse.

D'autre part si ces nouvelles taxes étaient appliquées, une infime partie (soit 200 millions d'euros) reviendrait à l'Institut Français du Pétrole. Ainsi ce dernier serait financé par les HVB : un comble

 

Conclusion :

L'Application de la T.I.P.P.aux HVB constituerait une aberration fiscale contraire aux

objectifs communautaires affirmés depuis des années.

 

V Des politiques énergétiques opaques et imposées par les grands groupes pétroliers en FRANCE, en EUROPE, et aux ETATS UNIS.

 

Les E.U. viennent d'être marqués par la faillite la plus important de toute leur histoire, le groupe ENRON spécialisé dans le commerce de l'énergie. Cette faillite est selon les dire d'un économiste « plus importante que la crise de 1929 » par la multiplicité des conséquences. A la veille de cette faillite tous les grands analystes de la finance mondiale recommandaient ENRON à l'achat tandis que les dirigeants vendaient réalisant des plus values considérables. Maintenant qu'une partie de la lumière peut être faite, l'on sait que le groupe d'audit ANDERSEN chargé de certifier les comptes a accepté une falsification de ces comptes, fait disparaître des documents comptables compromettants, semant le doute sur la crédibilité des comptes de toutes les sociétés américaines tandis que les salariés d'ENRON sont ruinés et que de multiples questions se posent sur les fonds de pension américains destinés à financer les retraites.

Or ENRON et d'autres groupes pétroliers ont financé les campagnes de BUSH et des républicains inspirant ensuite largement la politique énergétique américaine refusant les accords de KYOTO.

En FRANCE et en EUROPE, c'est le même système qui prévaut et malgré les apparences c'est le double langage permanent, à savoir que le développement des biocarburants est freiné par le poids des multinationales pétrolières, car il s'agit de dossiers techniques, complexes et le pouvoir de décision est très éloigné du citoyen qui ignore tout des directives en préparation engageant la politique européenne pour de nombreuses années.

Sur ce dossier la responsabilité du gouvernement français est directement engagé et les politiques doivent mettre en oeuvre une politique allant dans le sens de l'intérêt général et non pas dans le sens de groupes de pression aussi bien organisés soient-ils.

 

De telles décisions ne devraient en aucun cas être prises dans le plus grand secret et

sans le moindre débat public : il en va de l'avenir de la démocratie.

 

CONCLUSION

 

A travers ce dossier, il apparaît que l'utilisation de l'huile de tournesol comme biocarburant pour les moteurs à diesel présente incontestablement des avantages dans tous les domaines: emploi, préservation de l'environnement, santé publique, cohésion du tissu social„ aménagement du territoire, balance commerciale, etc...

 

Cet intérêt certain pour un pays industrialisé comme la France est encore plus grand pour les pays en développement, car il s'agirait de développer une filière techniquement maîtrisée et particulièrement adaptée à ces pays. Ce d'autant plus qu'il possèdent déjà la production et les possibilités de transformation des oléagineux locaux : palme, palmiste, coprah, arachide.

 

Economiquement, ce type de projet est viable, il suffit maintenant que les choix politiques lui permettent de se développer par une législation et une fiscalité appropriées.

 

La tentative de l'U.E. de vouloir taxer les HVB par l'intermédiaire de la T.I.P.P. n'en est que plus dangereuse et totalement condamnable.

Dans ces conditions, le Ministre des Finances français ne peut opposer que son veto à cette mesure scandaleuse et préjudiciable à l'humanité.

 

Un signal fort doit être transmis : les HVB ne sont pas passibles de T.I.P.P. qui doit être

réservée comme son nom l'indique aux produits pétroliers.