Interview avec le professeur Ernst Schrimpff, FH Weihensephan. Extrait de l’hebdomadaire NEUE ENERGIE 12/2001
Neue Energie: Vous décrivez l’huile
végétale brute comme l’or futur pour le secteur agricole. Pourquoi ?
Ernst Schrimpff: L’huile végétale brute est
une énergie solaire biochimique fixée sous forme fixe avec une densité
énergétique maximale. Avec une densité énergétique d’environ 9,2 kilowattheure
(kWh) par litre, elle se situe entre l’essence (8,6 kWh/l) et le gasoil (9,8
kWh/l). Contrairement à l’essence ou au gasoil, l’huile végétale brute est
renouvelable, au bilan CO2 neutre, et ne contient ni soufre ni
métaux lourds. La consommation actuelle d’essence et de gasoil est une
exploitation à outrance des ressources pétrolières épuisables et sans respecter
le cycle naturel. L’huile végétale, produit régional ou global, permet au
contraire à nouveau de prendre en compte le cycle naturel de vie.
NE: Combien d’huile végétale brute peut être produite en
Allemagne?
Schrimpff: A la condition que l’huile végétale brute
provienne, comme c’est le cas en Allemagne, de semences sélectionnées avec une
contenance oléagineuse de plus de 40%, nous gagnerons environ 4 tonnes de
semences/hectare. Sur cette base on calcule une récolte théorique de 1,6 tonne
d’huile/hectare. Avec la pression à froid, le degré pression est estimé à 85 %.
Alors on gagne 1,36 tonne d’huile/hectare. Vu que le colza est seulement remis
sur la même terre tous les 4 ans, seul un quart de la terre agricole est
occupé. Avec les douze millions d’hectares en Allemagne, seuls 3 millions
d’hectares peuvent être cultivés avec le colza. Cela correspond à une récolte
de 4 millions de tonnes.
NE: Dans quelle mesure cela
pourrait-il remplacer l’énergie fossile?
Schrimpff: Au niveau du monde, le potentiel de l’huile
végétale brute, avec plus de 2.000 sortes de plantes desquelles on peut retirer
l’huile, est suffisant. Pour remplacer la demande d’énergie fossile totale par
l’huile végétale, il faut cultiver 2,6 % de la surface de la terre avec des
palmiers. Le bénéfice de cette huile est sept fois plus élevé que celle de
colza. Chaque pays peut cultiver jusqu’à 5% de sa terre avec des plantes
oléagineuses semi sauvages qui poussent dans un certain sens comme des herbes,
le ricin sous les tropiques, le jojoba dans les régions du Sahel, et le lin
jaune en Europe Centrale.
NE: La culture de graines
oléagineuses ne fera-t-elle pas concurrence à la production alimentaire?
Schrimpff: Au premier abord il semble que c’est le cas,
mais finalement non. Pour y répondre d’une façon correcte, il faut différencier
la manière qui est pratiquée majoritairement aujourd’hui : la monoculture,
de la culture combinée comme avant et encore un peu aujourd’hui. Des graines
oléagineuses peuvent parfaitement être mises juste avant des plantes céréales.
Cela signifie une récolte majorée sans un surplus d’engrais. De plus on gagne
des tourteaux de colza, qui ne servent pas seulement comme nutriment animal
mais aussi, après un traitement, comme alimentation humaine. Si l’on associe
judicieusement les cultures, on verra des avantages réciproques : pois /
lin jaune, ou céréales / lin jaune donnent une meilleure récolte tandis qu’on
renonce aux engrais et herbicides.
NE: Vous avez réalisé une recherche où
vous comparez l’hydrogène avec l’huile végétale brute. Qui a gagné?
Schrimpff: Je ne parlerai pas de gagner ou de perdre. Mais
quand même, sur le résultat de dix paramètres, seul un paramètre est en faveur de
l’hydrogène provenant d’énergie solaire : la combustion est plus pure.
Pour les autres paramètres, l’huile végétale a clairement plus
d’avantages : elle est plus facile à produire, à stocker et transporter.
La densité d’énergie est quarte fois plus haute que pour l’hydrogène, la
production coûte moins d’un cinquième, c’est à dire environ 0,5 € le litre. La
technologie du moteur à huile végétale est très simple, testé et abordable
financièrement. La pile à combustible est au contraire très complexe, vulnérable
et pas tout à fait au point. Des avantages clairs pour la technologie de
l’huile végétale se trouvent aussi dans le domaine social (décentralisation des
unités de production, pas de grande industrie et une dépendance réduite) dans
l’aspect environnemental (complètement biodégradable et bilan CO2
neutre) et, en ce qui concerne la disponibilité, elle est applicable
immédiatement. Ce dernier point est prouvé par le nombre élevé de véhicules
propulsés par l’huile de colza en Allemagne. Au final, le bilan total de la
technologie de l’huile végétale se distingue par un bénéfice au moins douze
fois supérieur à celui de la technologie hydrogène, même si la pile combustible
est générée avec de l’énergie solaire.
(co-traduit par Ward
Jansen, et M. et N. C.)