Le ministère des Finances ne carbure pas
au vert
Alain Juste, un producteur d’huile végétale brute, destinée aux moteurs de voitures, est accusé, depuis 1998, par le ministère de l’Economie et des finances, de ne pas faire payer la Tipp, taxe intérieure sur les produits pétroliers.
Alain Juste réalise un
carburant en pressant les graines de tournesol. L’utilisation d’une huile
végétale dans les moteurs ne date pas d’hier. Rudolf Diesel a créé le premier
moteur carburant à l’huile, en 1891. Mais des phospholipides, les grosses
particules graisseuses de l’huile de lin, nuisaient au bon fonctionnement du
moteur et les recherches ont été abandonnées. Alain Juste a contourné le problème
des phospholipides en produisant une huile première pression à froid, exempte
de ces lipides. Le carburant vert a d’abord été testé sur 70 000 km en mélange
avec du diesel classique. Puis Alain Juste a testé son carburant vert pur sur
135 000 km. Aucun souci à déclarer selon le constructeur. Mais les douanes
réclament aujourd’hui la Tipp sur l’huile de tournesol qui a été mélangée avec
le diesel.
Un tiers de la graine de tournesol est utilisé pour la fabrication du
tournesol. Les deux autres tiers servent de complément alimentaire pour le
bétail. Ils peuvent donc remplacer les oléagineux et le soja importés des
Amériques. «Le tournesol n’est pas encore une plante transgénique», ajoute
Alain Juste.
Trois kilos de graines sont nécessaires pour la fabrication d’un litre de
carburant. La production de cette graine s’élève à 25, voire 30 quintaux, à
l’hectare. Alain Juste estime que la production de cette huile pourrait être un
moyen de lutte contre la désertification des campagnes.
La taxation de ce carburant vert relève d’une application toute administrative
de la loi et qui ne favorise pas le développement d’un carburant vert. Alain
Juste estime même que l’on favorise davantage les carburants verts, fabriqués
par les grands groupes pétroliers que ceux des petits producteurs.
L’utilisation de l’huile de tournesol n’émet pas de dioxyde de soufre, de
dioxyde de carbone et permet une réduction de 2/3 des particules. Les émissions
de dioxyde d’azote sont un peu supérieures au gasoil mais elles peuvent être
limitées ensuite par les pots catalytiques. Mais toutes ces vertus ne trouvent
pas grâce aux yeux de l’Etat, qui préfère distribuer des subventions pour
soutenir des filières comme le GPL ou la voiture électrique.
Sophie Le Scaon, le 25/06/2001
Environnement Local n° 569 du 25/06/2001 (C) 2001 Editions Sorman